Situé à l’Est de Java en Indonésie, le Kawah Ijen est un volcan actif dont le cratère renferme un lac acide, à la belle couleur bleue et une mine de soufre, en exploitation. L’ascension du Kawah Ijen a semble-t-il été popularisée en France par une émission de Nicolas Hulot.
La team de picards rencontrée au Sri Lanka nous a convaincu de nous lancer dans cette expédition. Si la plupart des gens y viennent depuis Yogyakarta, l’ascension du Kawah Ijen est facile à organiser depuis Bali puisqu’il n’y a que 4km de ferry entre les deux îles indonésiennes.
Conduits par le père de famille et manager de notre hôtel, nous quittons notre chambre à 23h afin d’être au sommet pour le lever du soleil ! En tout et pour tout, nous serons accompagnés par 5 indonésiens différents avant d’atteindre le sommet. Nous sommes refilés à un nouvel arrivant à chaque nouvelle étape (port, sortie du ferry, parking, etc.) mais nous ne nous inquiétons pas, comme toujours en Indonésie, nous arrivons bel et bien à destination.
Notre ascension du Kawah Ijen : à la recherche du lac perdu
Nous nous retrouvons au point de départ du sentier vers 1h avec notre acolyte américain, Kent. Il fait plus froid que ce à quoi je m’attendais, des hommes vendent des gants et des bonnets. Heureusement qu’une ascension nous attend pour nous réchauffer ! 😀
On nous présente Cholili, notre guide. Il y a de nombreux autres touristes alors que nous sommes pourtant en basse saison, je n’ose imaginer la file ind(onés)ienne en été… Tout le monde commence l’ascension à la lumière des frontales et lampes torches. Le chemin est bien plus large et praticable que ce à quoi nous nous attentions.
Avec notre guide et Kent, nous marchons jusqu’à une sorte de petite cabane vendant des boissons chaudes ou fraîches. C’est bondé ! On sent une certaine effervescence, tout le monde est impatient d’arriver au sommet. De là, notre guide nous dit que l’on repartira à 2h car si on arrive trop tôt là-haut, on aura vraiment froid.
On ne le sait pas encore mais on a déjà fait le plus dur de la montée. Après la cabane, c’est presque plat. L’ascension ne nous a pas semblé compliquée, presque une ballade de santé pour Vincent (« Du coup, c’est tout là ? On est arrivé ? ») ! En ce qui me concerne, on sent que les treks du Kirghizistan sont passés par là, je suis plus en confiance
Arrivés au sommet (2386m), on devine le cratère derrière les barrières de sécurité mais on ne voit rien, si ce n’est les points lumineux des autres touristes et des mineurs. Une vraie petite fourmilière nocturne, c’est assez impressionnant. L’endroit est immense, il absorbe le flux de visiteurs.
Prudents, nous décidons de ne pas descendre au-delà de la limite autorisée dans le cratère. La majorité des touristes descendent au niveau de la mine de soufre, espérant voir les « blues fires » malgré la fumée et l’air irrespirable. Tous les visiteurs sont équipés de masques quand les mineurs, eux, se contentent généralement d’un foulard… Malheureusement, depuis le point d’observation, nous n’en verrons pas.
De notre côté, nous longerons la crête un moment dans l’espoir d’avoir une jolie vue sur le lever de soleil et un peu de tranquillité. Notre guide fait un feu qui se révélera vraiment le bienvenu ! Nous sommes rejoints par quelques personnes, dont un brésilien-coréen surexcité. C’est un moment agréable, malgré le froid, on échange avec les personnes présentes et notre guide.
Cholili a en fait été mineur de soufre pendant 10 ans avant d’apprendre l’anglais et de devenir guide. Il nous explique que les guides gagnent moins que les mineurs mais que le travail est évidemment moins fatiguant. Imaginez leur santé physique après plusieurs années de dur labeur ! Il a 36 ans et deux enfants de 13 et 11 ans.
Nous rencontrons aussi un guide qui a participé au tournage de Pékin Express en Indonésie, au Kawah Ijen mais aussi à Bornéo. Il me parle de Stéphane Rotenberg et rit de bon cœur devant ma jalousie !
Les couleurs du lever de soleil apparaissent peu à peu, donnant au ciel des éclats rosés. Dans le cratère, la brume et la fumée du soufre ne se dispersent pas ; le paysage prend des allures bien mystérieuses. Le lac reste hors de vue pour la plus grande tristesse de tout le monde. L’odeur (d’œuf pourri) est par contre très supportable, nous n’utiliserons pas nos masques.
Nous attendons un long moment et finissons par être les derniers touristes présents, avec un autre français installé à Jakarta. Ça devient une habitude ! Les visiteurs sont souvent pressés par le temps… Le soleil est bien monté dans le ciel, éclairant petit à petit le cratère, et nous réchauffant agréablement.
Finalement, nous apercevons des bouts du lac, morceau par morceau, selon les mouvements de la fumée. À force de patience, alors que nous longeons la crête pour revenir au chemin, nous le voyons presque en intégralité, même si la luminosité ne permet pas de prendre de photos correctes. Il est très impressionnant avec une belle couleur bleue. On voit très distinctement la fumée s’échapper de la mine de soufre.
Une fois revenus au niveau du chemin, nous découvrons les mineurs en action, portant à dos d’homme plus de 60kg chacun jusqu’au sentier. Depuis quelques années, ils ne portent plus ces charges inhumaines jusqu’au parking car ils ont pu investir dans des « trolleys », sorte de brouettes, qu’ils doivent tout de même retenir à la force des bras tout le long de la descente. Ils peuvent maintenant tansporter jusqu’à 300kg par jour en faisant plusieurs allés-retours.
À cet endroit, l’odeur est plus forte et me prend à la gorge. Je n’ai pas envie de m’attarder. Même s’ils sont très souriants, nous sommes aussi un peu mal à l’aise de regarder ces hommes travailler aussi durement alors que nous sommes venus tranquillement profiter du paysage.
Faut-il faire l’ascension du Kawah Ijen au lever du jour ?
Si nous refaisions cette ascension, nous ne nous embêterions pas avec le lever du soleil. Même si c’est amusant de découvrir un endroit à la lueur de sa lampe torche et de se rendre compte seulement en redescendant des paysages traversés, il fait froid et il y a vraiment beaucoup de monde !
Découvrir le cratère vers 7 ou 8h nous semble une bonne idée, l’écrasante majorité des touristes de la nuit est déjà repartie et il ne fait pas encore trop chaud. Nous n’avons croisé que deux personnes montant à cette heure-là, elles ont eu le volcan pour elles-seules ! De préférence, évitez le week-end où de nombreux locaux font l’ascension.
Un guide est-il nécessaire pour l’ascension du Kawah Ijen ?
Clairement la réponse est non, surtout si comme nous vous ne souhaitez pas descendre dans la mine. Il y a un seul chemin, assez large, je ne vois pas comment on pourrait se tromper. D’ailleurs, le brésilien-coréen s’en est très bien sorti tout seul.
Sur le parking, nous n’avons pas entendu de sollicitations incessantes pour en prendre un, il vous suffit de vous acquitter des 100k IDR du ticket d’entrée.
Toutefois, le boulot de guide permettant aux hommes d’échapper au labeur épuisant, pour une fois, je trouve qu’il peut être bien de faire appel à un local. D’autant qu’ils parlent anglais, c’est aussi l’occasion d’en apprendre plus sur la mine. Notre guide nous a indiqué être payé 200k IDR pour chaque ascension (son whatsapp si vous souhaitez faire appel à lui : +62 8523 2633 835).
Malgré la brume persistante sur le lac, nous avons passé un bon moment. L’ascension du Kawah Ijen n’est pas difficile physiquement, le paysage est splendide et nous avons passé un bon moment avec les différentes personnes rencontrées là-haut. Si nous étions un peu déçus de ne pas avoir le lac (surtout que je n’avais pas conscience que cela pouvait arriver), la patience nous a permis d’en prendre plein les yeux entre deux passages brumeux.
Conseils pratiques
- Prenez de quoi vous couvrir chaudement, il fait vraiment froid. Pour prendre des photos, des gants peuvent être bien utiles (comme au Kirghizistan, j’ai utilisé mes chaussettes ).
- Si vous venez depuis Bali, le ferry coûte 6500 IDR par adulte. À noter : il y a une heure de décalage horaire entre Java et Bali.
- Vous trouverez facilement des tours vous prenant en charge depuis votre hôtel, ce que nous avons fait depuis Permuteran. Mais si vous avez le temps de vous occuper de l’organisation (trouver les transports et louer un masque), c’est clairement moins cher de vous organiser par vous-mêmes (je dirais environ 50% de différence).
eh beh vous êtes beau avec vos masques !
Vous manques plus que la combinaison jaune pour la faire à la Heisenberg 🙂
Petite larme pour les porteurs de souffre qui doivent pas bien vivre vieux !
En vérité, on a pas eu besoin de nos masques mais ils méritaient bien une petite photo 😉
Et oui, c’est clairement un travail inhumain. Quand j’ai demandé à notre guide pourquoi un système mécanique n’était pas mis en place, il n’a d’abord pas su répondre mais quelques minutes après, il m’a dit « Mais le mineurs n’auraient plus de travail »…