Voyage réalisé en mars 2024.

Notre road trip de 40 jours dans l’ouest américain continue ! Après avoir emprunté la Highway 1 et la Route 66, nous partons à la découverte des terres Navajo. En effet, nous parcourons la Navajo Nation : il s’agit, en terme de superficie, de la plus grande réserve amérindienne des États-Unis, à cheval sur plusieurs états (Utah, Arizona et Nouveau-Mexique).

Créé en 1868, suite à plusieurs années d’incarceration des Navajos, ce territoire a été agrandi au fil des ans. La population dépasse aujourd’hui les 250 000 personnes mais la situation n’est pas toujours facile : il reste, par exemple, des foyers sans eau courante et/ou sans electricité et le taux de chômage est beaucoup plus élevé parmi les amérindiens que pour le reste des américains. Malheureusement, aucun des sites les plus touristiques ne propose de musée dédié aux Navajos et à leur histoire, ça nous aurait beaucoup intéressé !

Vous pouvez visualiser notre itinéraire sur Google Maps. Nous consacrons 5 jours aux étapes suivantes :

Petrified Forest National Park : badlands colorés et bois pétrifiés

Après s’être réveillés (et émerveillés) sous un manteau blanc à Flagstaff, nous arrivons au parc national de Petrified Forest sous des averses de grêle ! En espérant que ça se calme un peu, nous prenons le temps de découvrir le Visitor Center où nous apprenons comment se forme le bois pétrifié.

Revenons 200 millions d’années en arrière ! À la place des grandes steppes actuelles se trouve une forêt. Certains arbres poussent à proximité d’un cours d’eau. Une fois ces arbres morts, les troncs finissent par être emportés par le courant et enterrés au fond du cours d’eau, sous différentes strates de sédiments qui les préservent de l’oxygène et des bactéries pendant des millénaires. Les matières organiques sont remplacées petit à petit par de la silice, présente dans l’eau de la rivière. Le bois est pétrifié : c’est désormais du quartz qui a la forme d’un arbre. L’érosion des roches voisines fait peu à peu réapparaître ces troncs pétrifiés à l’air libre.

Nous démarrons notre visite du parc malgré tout, il faut bien se lancer ! Heureusement pour nous, c’est principalement un parc qui se visite en voiture, de point de vue en point de vue. La météo n’est donc pas un obstacle insurmontable. Les premiers points de vue (au nord de l’autoroute) permettent d’admirer des étendues rougeoyantes, et couvertes de neige pendant notre passage. Le ciel est couvert mais le contraste entre les terres ocres et la neige est vraiment magnifique !

Nous passons l’autoroute, qui scinde le parc en deux parties, et la météo s’améliore un peu. Il y a un vent incroyable, ça nous gèle. Je n’ai jamais vu Vincent aussi habillé, lui qui n’a jamais froid d’habitude ! On profite de l’éclaircie pour faire le Blue Mesa Trail, une petite rando que j’avais repérée. Fouettés par le vent, nous admirons les formations rocheuses aux couleurs variées, beaucoup de teintes violettes, et plusieurs exemples de bois pétrifiés. C’est vraiment un parc unique !

Où dormir pour visiter Petrified Forest National Park ?

La ville de Holbrook est située à moins de 30 minutes de Petrified Forest National Park, c’est donc une très bonne option. Nous dormons au Motel 6 mais je ne vous le recommande pas… Honnêtement, c’est le logement que nous avons trouvé le plus glauque de notre road trip (mais c’est aussi le moins cher, à 55$ la nuit). À Holbrook, en face du supermarché Safeway, on tombe par hasard sur un motel original : tipis en béton et vieilles voitures partout. Ils sont fous ces américains !

Découverte des terres Navajo : Canyon de Chelly et Navajo National Monument

Alors qu’on roule dans des étendues de vide vers le Canyon de Chelly, je lis notre guide et il suggère un arrêt au Hubbel Trading Post, en activité depuis 1878. Le trading post vend aujourd’hui encore des objets et de l’art indien. Finalement, la boutique nous plaît plutôt bien. Les tapis tissés à la main sont vraiment très beaux mais alors les prix… On était pas prêt, ça démarre à 400$ pour un mini tapis.

Le Canyon de Chelly est relativement isolé, à proximité de Chinle, en plein coeur des terres navajos, ce qui explique qu’il ne fasse pas partie des circuits  « classiques » dans l’ouest américain. En arrivant à Chinle, on sent que l’ambiance est différente de nos étapes précédentes, l’isolement se ressent directement, et même la pauvreté. Il n’y a pas énormément de bâtiments mais parmi eux, on voit le centre pénitentiaire pour mineurs… Ambiance !

Pour visiter le Canyon de Chelly, le plus simple est de parcourir (gratuitement) la route scénique de la rive sud. En revanche, la majorité des terres dans le canyon sont privées : il faut donc faire appel à un guide Navajo pour descendre « au fond ». J’espérais faire la seule randonnée accessible librement, « White House Trail » (2h A/R pour 4km et 180m de dénivelé) mais nous nous retrouvons dans un nuage, de la grêle dans tous les sens et une visibilité plus que réduite. Mission annulée !

Profitant d’un petit moment de calme climatique, nous fonçons au point de vue final de la route scénique : le Spider Rock Overlook. C’est sous le soleil (incroyable !) que l’on y admire le piton rocheux qui se dresse dans le canyon, c’est vraiment magnifique. J’avais des attentes mais je n’ai pas été déçue, bien au contraire. C’est vraiment un spectacle ! Nous avons la chance d’être quasiment seuls sur place, et le calme ajoute toujours un petit charme supplémentaire.

Où dormir au Canyon de Chelly ?

Les choix sont relativement limités à Chinle ! Quitte à payer un peu cher, nous privilégions l’emplacement le plus proche du Canyon de Chelly et dormons au Thunderbird Lodge (126$ la nuit). La chambre est propre et très agréable, c’est validé pour nous.

Le lendemain, nous prenons la route d’un parc que nous n’avions pas prévu de visiter : Navajo National Monument. C’est un petit parc, dont une bonne partie est fermée en hiver (qui dure jusqu’à fin avril dans cette région des Etats-Unis), mais nous sommes néanmoins contents d’y être passés. C’était une halte parfaite sur la route (surtout qu’il est gratuit) !

On y trouve des villages troglodytes construits par les peuples Anasazi au 13ème siècle. En hiver, seules deux courtes marches sont accessibles. La première mène à un point de vue sur le village de Betatakin, situé dans une alcove de la paroi du canyon. Nous sommes bien contents d’avoir nos jumelles pour mieux distinguer les restes du village. Environ 100 personnes y vivaient à l’époque. La deuxième, plus classique, offre une vue dégagée sur le canyon en lui-même.

Les merveilles naturelles sur les rives du Lake Powell : Horse Shoebend et Lower Antelope Canyon

En visitant Navajo National Monument, nous étions très proches de Monument Valley… Mais ce n’est pas encore pour tout de suite ! Directement après notre visite du Navajo National Monument, nous débarquons sur la rive du Lake Powell, un lac artificiel créé par le barrage de Glen Canyon.

Pour découvrir le lac, nous profitons de plusieurs points de vue : Wahweap overlook, Wahweap viewpoint (oui, ce sont bien deux points de vue différents malgré leurs noms si proches !) et le Navajo Mountain viewpoint. Les couleurs sont superbes entre le bleu de l’eau et les terres orangées. Nous passons ensuite brièvement en Utah pour nous balader à Lone Rock Beach (inclus dans le pass “America The Beautiful”). Cette plage est ouverte au camping, il y a donc une dizaine de camping-cars et caravanes installés là, ça nous donne évidemment un peu envie…

Au Visitor Center du Glen Canyon Dam, nous visionnons un film sur la création du barrage (en anglais, gratuit). C’est la création du barrage de Glen Canyon, de 1956 à 1966, qui a conduit à la création de la ville de Page (initialement, pour accueillir les ouvriers et leurs familles, désormais pour le tourisme). La construction d’un tel barrage a été décidée pour permettre une meilleure répartition des eaux du Colorado entre plusieurs états des Etats-Unis et une partie du Mexique. Nous avons été tous les deux impressionnés par les moyens mis en place pour sa création : construction d’un pont entre les deux rives du canyon (pour éviter aux engins de chantier de conduire plusieurs centaines de km pour passer d’une rive à l’autre), déviation du Colorado, ouvriers travaillant dans le vide suspendus à des cordes… Le film avait aussi un côté très patriotique, à la gloire de l’Amérique, qui nous a un peu fait sourire.

Le lendemain, nous faisons les visites incontournables (et très touristiques) du coin : Horseshoe Bend et Antelope Canyon. Nous démarrons à Horseshoe Bend, un méandre très photogénique du Colorado. Très facile d’accès, on marche environ 15 minutes depuis le parking pour accéder au point de vue. Une petite partie est protégée par des barrières mais tout le reste est en libre accès, ce qui me cause un sacré vertige. C’est un bel endroit impressionnant, malgré la foule !

Informations pratiques : visiter Horseshoe Bend

Prix d’entrée : 10$ par véhicule.
Il est souvent conseillé de venir au coucher du soleil. Personnellement, je pense qu’il est préférable de faire cette visite vers midi (quand le soleil est au plus haut) pour ne pas que les parois du “canyon” fassent trop d’ombre, ni être en contre-jour.

Honnêtement, j’ai beaucoup hésité à visiter Antelope Canyon, pour deux raisons : c’est cher (72$ par personne avec les taxes) et c’est très (très très) touristique. Finalement, nous avons décidé de découvrir Lower Antelope Canyon (qui est un peu moins cher que Upper Antelope Canyon et, paraît-il, plus beau que Canyon X). Nos impressions ? C’est incontestablement magnifique mais la visite est un peu stressante ; il ne faut pas traîner car on est (pour)suivi par le groupe suivant.

Pourtant, il faut avoir le temps pour visiter Antelope Canyon : il est demandé d’arriver 45 minutes avant le début du tour (lors de notre visite, c’était totalement inutile, 15 minutes avant suffisaient laaaargement). Les visiteurs du même créneau sont répartis entre plusieurs guides, par groupes de 15. Finalement, tous les groupes partent plus ou moins en même temps (on rejoint le canyon à pied, c’est à quelques mètres seulement), on ne visite donc pas à 15 mais à 5 groupes de 15 à la suite. Il y a un embouteillage en haut des escaliers qui permettent de descendre dans le canyon, on patiente là un long moment (facilement 15 minutes).

On passe tout de même 1h complète dans le canyon, le nez en l’air à observer les formes créées par le passage de l’eau et du vent. Je ne regrette pas ma visite mais j’aurais aimé venir il y a 20 ans, avant l’effervescence touristique ! En cherchant bien, il existe d’autres slot canyons moins plébiscités qui sont sûrement tout aussi intéressants… À voir si nous revenons un jour dans ce coin !

Où loger à Page ?

Situé dans la “street of the little motels” (promis, c’est le vrai nom), le Red Rock Motel propose des chambres avec une cuisine privative (ce qui est assez rare). Nous sommes très contents de pouvoir cuisiner un peu plus sérieusement qu’avec un simple micro-onde. Nous avons aussi une petite terrasse devant notre “studio”. Le seul bémol serait l’insonorisation avec nos voisins mais ça ne nous a gêné que la première nuit, ça doit donc surtout dépendre de la discretion des occupants.

Monument Valley et Valley of the Gods

On continue avec les incontournables de l’ouest américain : impossible de faire un road trip de 40 jours dans les parcs de l’ouest sans passer par Monument Valley !

La visite commence de manière originale : nous arrivons vers midi et il n’y a personne au guichet pour nous faire payer (8$ par personne). Monument Valley se situe dans la Navajo Nation ; l’entrée n’est donc pas comprise dans le pass “America The Beautiful”. Nous suivons d’autres voitures qui dépassent le guichet. Au début, nous pensons qu’il y en aura un autre plus loin mais finalement nous nous garons au parking principal (à l’hôtel The View) sans avoir payé… On a pas compris !

Avant d’attaquer la Scenic Drive en voiture, nous pique-niquons depuis la terrasse de la boutique d’où la vue sur les trois buttes les plus connues de l’ouest est parfaitement dégagée. La Scenic Drive est une piste, pas toujours très carrossable pour les voitures assez basses comme la nôtre. Vincent s’en sort très bien (et je suis encore plus contente que d’habitude de ne pas tenir le volant !) et nous mène à bon port, de point de vue en point de vue.

Pour terminer cette journée à Monument Valley, nous attaquons la seule randonnée disponible : Wildcat Trail. Elle consiste à faire le tour de la West Mitten Butte (celle de gauche sur la plupart des photos). Une fois la descente du début passée (juste après le petit camping), nous étions quasiment seuls et c’était super agréable. À pied, on se rend mieux compte de la taille des éléments qui nous entourent. En plus, c’est une randonnée assez facile donc pourquoi se priver ?

Où dormir à Monument Valley ?

J’ai beaucoup hésité à passer la nuit au fameux hôtel The View (tout est dans le nom : il offre une vue directe sur les trois buttes) mais il est très cher et il faut s’y prendre très en avance pour avoir une chambre ou une cabine en 1ère ligne (c’est-à-dire sans personne devant).

Finalement, on a opté pour un Airbnb : une cabine un peu plus loin d’où on voyait le haut des buttes, ainsi que celles du Forest Gump Point. C’était très très calme, j’ai adoré le chat, la vue et la décoration. Malgré tout, on ne va pas se mentir, les prix sont délirants dans ce coin et le rapport qualité / prix n’a aucun sens ! Une autre option que je recommande est de trouver un motel à Mexican Hat.

Le lendemain, nous démarrons la journée à Forest Gump Point, c’est-à-dire l’endroit où Forest Gump arrête sa course à travers les Etats-Unis. Il faut savoir que Vincent adore ce film (que je n’avais jamais vu avant de sortir avec lui, j’avoue). Nous faisons évidemment quelques photos avant de monter au Gooseneck State Park pour voir les méandres de la San Juan River. Honnêtement, nous sommes un peu déçus par ce parc : on paie 5$ par véhicule pour un unique point de vue (aucune rando possible). Peut-être que le vent qui souffle à décorner les boeufs joue aussi sur notre ressenti ! En revanche, il est possible d’y camper, ce qui doit être très sympa (étonnement, il y a même du Wifi).

Pour finir cette matinée déjà bien remplie, nous empruntons à nouveau une piste : celle de Valley of the Gods. Cette boucle est gratuite et offre également des paysages superbes, nous sommes entourés de buttes rougeoyantes. Il y a beaucoup moins de véhicules qu’à Monument Valley et la piste est globalement en meilleur état. Toutefois, notre voiture étant assez basse, Vincent en a un peu marre à la fin ; il faut beaucoup de concentration pour être à l’affut des gros nids-de-poule ! Nous finissions notre visite par la montée jusqu’à Moki Dugway d’où nous avons une vue dégagée sur Valley of the Gods.


C’est ici que s’achève cette troisième étape de notre road trip dans l’ouest américain. C’est la tête pleine de beaux paysages que nous continuons notre route vers l’est et un nouvel état : le Colorado !

2 réponses sur “Road trip dans l’ouest américain : à la découverte des terres Navajo”

  1. coucou tous les deux
    Merci , des étoiles dans les yeux, tellement ces beaux et tu détails tellement biens chaque endroit.
    que ça fait comme si on y était, je croque franchement à pleine dents tous tes écrits Marrion, comme un feuilleton avec la hâte du prochain épisode.
    Bonne continuation! bisous

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